Située entre la région de l’Est et du Sud du Cameroun, la réserve de biosphère du Dja, est inscrite dans le réseau des réserves de biosphère depuis 1981 par l’organisation des Nations unies pour l‘éducation, la science et la culture. Elle couvre une superficie d’environ 1 326 000 hectares.
Située entre la région de l’Est et du Sud du Cameroun, la réserve de biosphère du Dja, est inscrite dans le réseau des réserves de biosphère depuis 1981 par l’organisation des Nations unies pour l‘éducation, la science et la culture. Elle couvre une superficie d’environ 1 326 000 hectares.
Dans un entretien avec son conservateur à Somalomo le 02 juin dernier, lors d’un voyage de presse organisé par l’UNESCO, l’Ingénieur en chef des Eaux et Forêts revient sur les efforts déployés et les défis à relever pour la bonne santé de ce lieu aux nombreuses curiosités.
Assise à cheval entre les régions administratives de l’Est et du Sud du Cameroun, la réserve de biosphère du Dja inscrite dans le réseau mondial des réserves de Biosphère depuis 1981, couvre une superficie d’environ 1 326 000 hectares. Dans un entretien avec son conservateur à Somalomo le 02 juin dernier, lors d’un voyage de presse organisé par l’UNESCO, l’Ingénieur en chef des Eaux et Forêts revient sur les efforts déployés et les défis à relever pour la bonne santé de ce lieu aux nombreuses curiosités.
En quoi consiste le travail du conservateur que vous êtes dans une réserve de biosphère?
Le travail du conservateur consiste fondamentalement en la coordination des unités en vue de la mise en œuvre des actions d’aménagement du site. La réserve compte quatre entités désignées dans notre organigramme comme antennes. Il y en une au Nord, celle de Somalomo, porte d’entrée principale de la réserve, une à l’Est, basée à Lomié, une au Sud à Djoum et une à l’Ouest à Meyomessala ; c’est en quelque sorte une couverture des quatre points cardinaux (Nord, Sud, Est, Ouest). Dans chacune de ces unités, l’on retrouve à peu près la représentation miniaturisée du service de coordination de la réserve avec leur tête cette fois-là le représentant du conservateur qui est le chef d’antenne, assisté des chefs de volets et des Ecogardes. Pour s’assurer de la mise en œuvre effective des activités dans les antennes, le conservateur effectue des missions de suivis dans les antennes au moins une fois mois. A la fin du trimestre, une réunion de coordination permet de mettre présence toute l’équipe du service de la conservation et les partenaires techniques et financiers pour, non seulement partager les données à l’ensemble de l’équipe de gestion afin de permettre que chacune d’elle soit au même niveau d’information que les autres, mais aussi, que chaque antenne partage son vécu ou se remette à niveau quand il est avéré qu’il y a des choses qui ont été moins bien faites. En fin d’année, nous avons une assise avec l’ensemble des intervenants du site pour l’évaluation de l’efficacité de gestion de la réserve. Nous parcourons notre planification annuelle, les différentes rubriques qui ont été programmées et nous mesurons le taux de réalisation de chaque activité planifiée en début d’année. Nous essayons de voir si avec les moyens qui nous ont été affectés, nous avons atteints les objectifs de l’Etat et de ses partenaires et aussi ceux prescrits par les principes de l’Unesco en matière de gestion d’une réserve de biosphère.
Peut-on avoir une idée de l’évaluation de vos activités en 2023, par exemple ?
En 2023, nous avons planifié par exemple pour chaque antenne, un minimum de deux patrouilles de surveillance et de protection chaque mois, soit huit patrouilles mensuelles pour l’ensemble de la réserve et donc plus d’une quatre-vingt- dix par an. Cet objectif a été atteint à 100%. Nous avons aussi le suivi écologique qui consiste à veiller sur l’état de l’habitat, c’est-à-dire, la forêt, pour s’assurer qu’elle n’a pas été impactée par les activités humaines illicites. Nous assurons le suivi de l’habitat à l’aide des drones et complétons ses observations par un suivi direct des indices d’impacts ou de présences au cours des patrouilles pédestres. Un autre outil est l’utilisation des cameras pièges disséminées à travers les forêts pour se rendre compte de l’effectivité de la présence des espèces animales et, à ce niveau-là, il y a à peu près une vingtaine de patrouilles spécifiques organisées par an. Là, nous avons atteint un taux de réalisation de 75%. S’agissant de la surveillance des installations que nous avons dans la forêt ; nous avons des postes avancés, et une station de recherche qui imposent qu’il y ait un suivi mensuel pour les postes avancés et un séjour permanent à la station de recherche pour s’assurer qu’il n’y a pas d’intrus qui puissent venir détruire ces installations-là. Que ce soit pour les patrouilles de surveillance ou de protection que ce soit pour le suivi ou pour la surveillance de nos installations, notre taux de réalisation approche les 100%. Et, quels que soient les moyens à notre disposition, ce sont des missions régaliennes que nous devons et même, que nous avons accompli.
Quel constat faites-vous sur l’état de la réserve ?
Si on part du précédent qu’il y a eu à un moment où la surveillance n’était pas assidue, par exemple avec des installations en forêt où des riverains s’installaient librement dans nos édifices du fait de notre absence, en tenant compte des efforts du gouvernement qui met à notre disposition un personnel en nombre appréciable pour permettre de couvrir au moins une bonne partie de nos besoins, nous pouvons dire qu’aucune installation n’a plus été dégradée ou occupée illégalement par des riverains. Ainsi sur la base des résultats des inventaires de référence de 2018 et de contrôle de 2021, et nous appuyant les résultats qui ont indiqué que notre site est relativement bien tenu, le nombre des chimpanzés (2141 individus en 2021 contre 2050 en 2018) et des gorilles (2756 individus en 2021 contre 2785 en 2018), par exemple, est en légère augmentation), et que la population des éléphants est stabilisée dans la même période, (225 individus en 2021 contre 219 en 2018), nous pouvons affirmer que avons eu raison de faire ces efforts de conservation et même qu’il serait envisageable d’augmenter à nouveau notre investissement afin de poursuivre ou de continuer à garantir l’intégrité et la préservation de notre site et de ses ressources.
Avez-vous constaté qu’il y a une espèce qui est plus menacée ?
Nos travaux sont formels et nous envisageons même de les affiner entre fin 2025 et 2026 pour confirmer les résultats des précédents. Donc pour le moment, la photo obtenue de la réserve, affiche des résultats plutôt encourageants. On ne peut donc pas sur la base de ces résultats-là dire aujourd’hui qu’une espèce est particulièrement menacée. Et j’insistes pour dire que nos principales cibles de conservation que sont les éléphants, les gorilles et les chimpanzés ont des populations qui nous rassurent suite aux résultats probants que nous avons obtenus à travers la multiplication des efforts de surveillance et de protection. Néanmoins, la vigilance doit rester de mise concernant notamment les éléphants donc la population reste relativement faible par rapport à la taille de la réserve.
Chaque effort a un coût. Que coûte votre déploiement, par exemple, quand vous parlez du matériel électronique que vous utilisez ?
Si nous faisons une petite évaluation, les patrouilles de lutte anti-braconnage nous coûtent environ 10 millions FCFA par mois. Si on ajoute à cela, la surveillance de nos installations nous grimpons vite à 12/13 millions FCFA. Il faudra aussi ajouter le suivi écologique, le déplacement des caméras, leur pose, le prélèvement des données, la réinstallation des camera et le coût de nos efforts grippera rapidement autour de 16 voire 17 millions de FCFA par mois. Heureusement, l’Etat et ses partenaires ont jugé de la nécessité de poursuivre la mobilisation pour qu’au moins, pour notre présence sur le terrain, ces besoins soient couverts. A ce titre nous ne souffrons pas du manque de ressources en ce moment.
S’agissant d’autres activités de ratissage au niveau du voisinage de la réserve (zone de transition) les partenaires sont en ce moment en train d’augmenter les capacités d’équipements de la réserve en matériel roulant (véhicules et motos). Et nous allons dans les prochains jours lancer le nouveau programme d’appui dédié à la réserve de biosphère du Dja appelé « Nature Africa » à travers des projets comme « Paysage Vert Sud-Est Dja», « Biodiverse Landscape Facilities », « Sustainable Wildlife Management Prject », Etc.
Et pour ce qui est des effectifs par surface…
Effectivement et c’est un secret de polichinelle, l’Etat connaît des difficultés à pouvoir satisfaire tous départements sectoriels en termes de personnels dédiés. En réalité pour notre site il faut compter un éco-garde pour 5000 hectares. Ce qui signifie pour la superficie de notre réserve, qu’il faudrait entre 105 et 120 Eco-gardes. Mais, bien que le Ministre des Forêts et de la Faune, son excellence Jules Doret Ndongo pour ne pas le citer, à chaque mise à disposition du personnel, ne manque pas de renforcer les effectifs de la réserve, preuve s’il en était encore besoin, de l’importance que l’Etat et plus singulièrement le gouvernement, accorde à cette réserve, nous n’avons pas l’effectif requis. Mais, cette insuffisance est suppléée par l’utilisation des drones, lesquels permettent d’assurer efficacement la surveillance de la réserve en facilitant la couverture des zones difficiles d’accès et en permettant un savant investissement des efforts de patrouilles du personnel disponible. Néanmoins, nous pensons qu’il est nécessaire de poursuivre le renforcement de notre effectif en personnel.
Quelle est l’antenne qui reçoit le plus de menaces en termes de braconnage sur les quatre que compte la réserve du Dja ?
Globalement, toutes les quatre antennes sont d’importance égale. Là où on peut rencontrer des difficultés c’est peut-être là où le matériel roulant n’a pas été remplacé depuis longtemps. Parlant donc de menace en matière de braconnage, nous pensons à des poches au niveau de l’antenne Nord de Somalomo et l’antenne Ouest, du côté de Bengbis. C’est une zone problématique. Nous y avons multiplié des efforts de ratissage ces derniers temps. C’est un pôle important de la lutte contre le braconnage que nous rencontrons sur le terrain. Il y a une deuxième poche qui se trouve sur la partie Sud de la réserve entre Mintom et Lomié du fait que c’est un corridor de circulation de la faune sauvage et les braconniers le savent. C’est à ce type d’endroit qu’ils vont attendre les animaux pour braconner. C’est aussi dans ce type d’endroit où nous sommes obligés de mobiliser un maximum de personnel. Aussi, lorsqu’il faut y déployer en nombre les patrouilleurs et que le véhicule vient à manquer, très souvent nos missions accusent des retards préjudiciables pour une intervention efficace.
La réserve est sous observation, pour combien de temps encore ?
L’accompagnement de l’Unesco est loin d’être une introspection pesante dans les affaires des gestionnaires ; seulement, nous avons besoin d’un regard extérieur qui nous apporte le conseil nécessaire pour notre orientation dans la prise des décisions de gestion. Ce n’est donc pas une assistance visant à mettre les gestionnaires du site ou l’Etat-partie en difficulté. C’est plus un appui conseil. Nous avons été à un moment un site menacé d’inscription dans la liste rouge des patrimoines en péril mais, entretemps, à travers les efforts que nous avons fournis, nous avons pu démontrer qu’en mettant de la volonté, des moyens et en améliorant notre façon de faire sur le terrain, il pouvait y avoir des résultats satisfaisants. C’est pour cela qu’aujourd’hui, nous sommes un site plus en observation qu’un site menacé. C’est peut-être aussi la raison pour laquelle notre site a retrouvé la périodicité normale de soumission des rapports de suivi ou d’évaluation de la part des instances dédiées.
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