Un atelier de quatre jours sur ce processus de l’UICN s’est ouvert à Yaoundé le 11 novembre. L’initiative se présente comme une récompense aux bonnes pratiques de gouvernance et de gestion efficace des aires protégées et conservées n’étant inscrites ni dans le registre de patrimoine mondial ni celui de site Ramsar.
Au moins 30% de la planète doit être conservé ; l’engagement figure parmi les 20 objectifs proposés dans le Cadre mondial pour la conservation de la biodiversité adoptée en 2023 lors de la 15e Convention des Nations unies sur le biodiversité (Cop15).
L’atelier de lancement du processus la Liste Verte (LV) se déroule depuis le 11 novembre 2024 à Yaoundé. La rencontre organisée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) veut aider à sensibiliser les gestionnaires sur l’importance de la LV dans l’atteinte des objectifs du cadre global pour la biodiversité notamment la cible 3 ; il sera aussi question de renforcer les capacités de différentes parties prenantes sur ses règles et procédures, le processus de préparation des candidatures des aires protégées (AP) sélectionnées, les outils utilisés dont IMET.
« Integrated Management Effectiveness Tool (IMET) est un outil qui évalue l’effectivité du processus » a expliqué Tanya Merceron, UICN Cameroun et coordinatrice du programme BIOPAMA. « Il permet, poursuit-elle, de faire une certaine photographie à l’instant « T » des différents paramètres, ressources humaines, financements, experts de suivi-évaluation, bio-monitoring d’une aire protégée ou conservée donnée pour sortir un certain nombre de recommandations. » Ce qui est intéressant avec l’outil IMET, selon la coordinatrice de BIOPAMA, c’est qu’il y a des experts, qu’on appelle des coaches qui appuient le processus avec les conservateurs et à la fin du processus on organise un atelier de validation dans lequel on invite toutes les parties prenantes, les experts, les organisations non-gouvernementale (ONG), les communautés locales… de manière à ce que chacun puisse fournir des feed-back pour pouvoir valider le contenu du rapport de lMET mais aussi pour ressortir des recommandations prioritaires qui devront faire l’objet des financements . « C’est ce cycle qu’a suivi le programme BIOPAMA puisque ce sont les recommandations qui s’en sont dégagées qui ont bénéficié du financement », révèle-t-elle.

Abdramane Chaïbo
A l’épreuve du boom démographique et des changements climatiques
A en croire Abdramane Chaïbo, ingénieur des Eaux et Forêts et Directeur des aires protégées du Tchad, qui participe à l’atelier de Yaoundé, la ressource naturelle est sujette à beaucoup de sollicitations dont le braconnage et les changements climatiques. « Notre défi c’est de contrecarrer le braconnage et de rechercher des solutions face aux changements climatiques qui causent beaucoup de dégâts. Un exemple, l’année dernière, à cause de la sécheresse, nous avons perdu quelques espèces à cause de la rareté de l’eau de la boue qui les engloutissait. C’était une année très difficile. Nous avons pris des dispositions pour y apporter des réponses nécessaires », pointe-t-il. Et de poursuivre : « L’autre défi concerne l’envahissement des aires protégées par les populations qui réduit l’espace vital causant ainsi des conflits homme-faune. Nous sommes en train de penser à une stratégie pour résoudre ce problème. Ceci demande aussi beaucoup d’efforts financiers. Avant il y avait des espaces qui aujourd’hui deviennent des espaces vitaux pour les populations à cause du boom démographique avec des plantations et des installations d’élevage et autres, nous assistons à ces conflits qui se soldent parfois par des morts d’homme et de destructions de cultures pour les pachydermes. Il y a aussi des hippopotames les pêcheurs mêmes qui, au lieu de savoir que le territoire est réservé à l’hippopotame, les abattent. Nous avons un programme de sensibilisation pour que chacun comprenne les comportements des animaux et comprendre la responsabilité de chaque personne vis-à-vis de cette situation. Il y va de la prise de conscience de tous les Tchadiens », indique l’ingénieur des Eaux et Forêts.
L’atelier se déroulera en deux phases, la première regroupera à la fois les directeurs de faune et des aires protégées et les gestionnaires, le premier jour; la deuxième partie, plus opérationnelle sera destinée aux gestionnaires des sites. Il s’agit, a rappelé le Secrétaire général adjoint de la Commission pour les forêts d’Afrique centrale (COMIFAC) de bâtir un avenir dont les efforts de conservation sont réalisés. La Liste Verte, a-t-il reconnu, qui est un facteur de motivation de gouvernance durable, offre aux Etats et aux experts de la conservation une véritable opportunité. Elle s’inscrit dans le plan de convergence de la COMIFAC, notamment ses axes prioritaires qui insistent sur la promotion de la gestion durable et la résilience de nos écosystèmes...
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