Leur recrudescence est signalée du fait de la montée de chaleur ; mais depuis 2017, parce que logées dans le groupe des maladies tropicales négligées, leur prise en charge est un cauchemar pour les couches défavorisées, pourtant plus exposées.
Par Adrienne Engono Moussang
De nombreux Camerounais ne savent pas où donner de la tête ces derniers temps ; l’incapacité du corps médical à administrer des soins appropriés aux victimes des morsures de serpent et scorpions, du fait de la rareté ou du coût exorbitant des sérums antivenimeux. Des décès se comptent par dizaine voire plus. La peur de voir ces morts augmenter gagne de plus en plus la population et le personnel de santé impuissants surtout en cette période de forte chaleur où, selon des alertes des spécialistes de l’environnement, ces reptiles, affectés eux aussi par la forte température, recherchent des coins humides pour se rafraîchir le corps, comme les humains. Ils se cachent alors dans des touffes d’herbes, dans des coins de maisons ou alors dans des meubles, des couvertures, des draps, des lits, etc. La prudence à laquelle appellent des scientifiques, seule ne suffit pas pour résoudre le problème.
Les résultats d’une recherche réalisée par des chercheurs camerounais appuyés par Epicentre, la branche de recherche et d’épidémiologie de Médecins sans frontière (MSF) présentés en 2020 à Yaoundé ont indiqué que 83% de sujets victimes de morsure de serpent ont recours aux traitements traditionnels. Ceci à cause, non seulement de la rareté mais aussi du prix exorbitant du sérum antivenimeux. Pour une seule dose, il faut débourser au moins 50.000francs CFA (à peu près 100 USD).
Seulement, malgré l’administration des traitements traditionnels, il y a des victimes de morsure de serpent qui décèdent.
Selon le Dr. Fai Karl, médecin épidémiologiste, les anti-venins sont spécifiques à l'espèce, de sorte que des venins de serpents différents nécessitent des anti-venins spécifiques. donc un seul traitement pharmaceutique ou même traditionnel ne peut pas aider à guérir toutes les morsures de serpent. Voilà pourquoi, il estime que les produits traditionnels existants doivent être soumis à des évaluations scientifiques rigoureuses par des experts afin de garantir leur innocuité et leur efficacité avant qu’une parfaite collaboration naisse entre les deux secteurs dans la prise en charge des morsures de serpent. Le scientifique pense que les morsures de serpents pouvaient entrer dans kit de la couverture santé universelle au Cameroun parce qu’elles touchent les populations pauvres et vulnérables.
Inoserp Pan-Africa
Dr. Faï a travaillé dans le cadre de l’évaluation d’un sérum contre le venin, Inoserp Pan-Africa. En fait, c’est parce que l’Inoserp Pan-Africa, déjà en circulation au Cameroun, était réputé efficace contre la plupart des serpents élapidés et vipérins qu’Epicentre a décidé de mener cette étude d’évaluation. La dose de ce produit coûte 61300 francs CFA. Il était question, d’être accompagnés par les gouvernements africains afin de ramener le prix à un niveau acceptable accessible par la majorité des victimes. Ce qui est toujours attendu jusqu’à ce jour.
Pour le Dr. Faï qui a présenté l’étude réalisée par des chercheurs camerounais, avec l’appui d’Epicentre, branche de recherche de Médecins sans frontière (Msf) sur l’évaluation de l’anti-venin Inoserp Pan-Africa, le gouvernement et d’autres organisations nationales et internationale doivent aider à résoudre ce problème. « Les morsures de serpent sont un problème de santé publique au Cameroun. Étant donné qu’elles menacent davantage ceux qui exercent des travaux champêtres, ces derniers devraient s’équiper de bottes et de gants afin de réduire les risques », soutient le Dr Faï
Malgré leur prolifération, les morsures de serpents, bien que problème de santé, sont depuis 2017, classées comme maladies négligées, à en croire des spécialistes de la santé.
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