Jules Doret Ndongo réagit à une lettre ouverte signée de neuf organisations le 25 avril dernier accusant le Cameroun d’être un risque pour la déforestation et la dégradation des forêts.
Jules Doret Ndongo réagit à une lettre ouverte signée de neuf organisations le 25 avril dernier accusant le Cameroun d’être un risque pour la déforestation et la dégradation des forêts.
Jules Doret Ndongo réagit à une lettre ouverte signée de neuf organisations le 25 avril dernier accusant le Cameroun d’être un risque pour la déforestation et la dégradation des forêts
Par AEM
« (…) Le gouvernement du Cameroun dénonce fermement ces agissements qui ont pour unique objectif de saper les efforts en matière de conservation de la biodiversité. Notre pays qui attache du prix au respect de ses engagements pour les grandes causes écologiques mondiale et la lutte contre le changement climatique attend plutôt de ses partenaires qu’ils tiennent leurs promesses solennellement faites lors des rencontres internationales. Il n’est pas compréhensible que le droit de l’existence des Ong puisse se réaliser dans la délation et la négation des évidences et au détriment de l’image du Cameroun », lance, dans un communiqué signé le 13 mai 2024, le ministre des Forêts et de la Faune, Jules Doret Ndongo. Il s’agit de la réponse du gouvernement du Cameroun à la lettre ouverte de neuf organisations non-gouvernementales (Ong) nationales et internationales.
La lettre titrée : “Le Cameroun est un pays à très gros risque pour la déforestation et la dégradation des forêts”, a été adressée aux ministères des affaires étrangères de certains pays européens ainsi qu’à leurs représentations diplomatiques au Cameroun avec copie à la présidence de la République du Cameroun. Les Ong y dénoncent entre autres les larges pans de forêts dévastés au profit des entreprises agro-industrielles et l’exploitation massive et illégale du bois avec pour impact principale la violation des droits des communautés locales et des peuples autochtones. Or, le pays a signé de nombreuses conventions internationales y relatives et disposé d'une législation riche en textes.
Les auteurs de la lettre ouverte estiment qu’il s'agit du non-respect des engagements au niveau national et international contre la déforestation massive et la dégradation des forêts ainsi que la lutte contre la pauvreté. A en croire les Ong, il s'agit des ambitions poursuivies par l’Union européenne dans sa stratégie afin de préserver les forêts du monde et de réguler la déforestation (Eudr), des objectifs de la Central african forest initiative (Cafi), des recommandations de Unfccc Cop 26 pour stopper et renverser le processus de perte des forêts et de la dégradation des terres d'ici 2030, du programme global de financement des forêts, du Fonds mondial pour la biodiversité de 2023 et du droit international humanitaire.
Mémorandum d’entente avec des Baka
Les dénonciations concernent entre autres le Parc national de Campo-Ma'an menacé par Camvert, une agro-industrie spécialisée dans la production du palmier à huile, où 60 000 ha de terre sont concernés avec 40 000 ha déjà attribués à l’entreprise. Ce qui, de l’avis des Ong, porte atteinte à l'univers des peuples autochtones Bagyelis (Mvae et Iyasa). Rappelant aussi que le Comité des Nations unies pour l’élimination des discriminations raciales a suggéré au Cameroun d’insister sur la protection des peuples autochtones et qu'en août 2023.
Le cas de la forêt d'Ebo est aussi cité. La société Sextrans a bénéficié de 68 385 ha en terme d’unité forestière d’aménagement (Ufa) et Scieb qui a obtenu 60 000 ha d'Ufa, toutes deux pour l’exploitation des grumes en 2023 et de façon “illégale”, estiment les neuf revendicateurs.
Dans les faits, signe Jules Doret Ndongo, la superficie des aires protégées du Cameroun couvre 9 837310,07 hectares, soit 20,71% du territoire national. Bien au-delà de l’objectif de 12% des Nations-Unies. Quant à la violation des droits des peuples autochtones et les communautés riveraines, le ministre rappelle la signature en 2019, d’un mémorandum d’entente avec des Baka de l’Association Asbabuk et quatre autres memoranda qui sont en gestation. « Dans le même ordre d’idées, l’Etat a reversé depuis les années 2000 un montant cumulé de plus de 130 milliards de Fcfa au titre des redevances forestières annuelles et taxes d’affermage aux communes et communautés riveraines.la règlementation en vigueur leur reconnaît par ailleurs le droit d’usage et encadre la création des forêts communautaires et des zones d’intérêts cynégétiques à la gestion communautaire dont elles tirent d’important revenus », indique le Minfof.
Le Vietnam a importé près de 883 millions de dollars de bois 2013
En réalité, la lutte contre l’exploitation illégale des forêts est un combat collectif et de longue haleine. Des études et des enquêtes ont à ce propos révélé que le Vietnam et la Chine sont des destinations privilégiées du bois camerounais. Les données du Programme de sécurisation des recettes forestières du Cameroun en 2019, parle de près de 70 % du volume total de bois exporté. L’Etat est dans ce cas de figure le grand perdant surtout en matière fiscale. D’après les Nations Unies sur les importations et exportations, le Vietnam a importé près de 883 millions de dollars de bois 2013 et 2018. Le pays d'Afrique centrale a quant a lui déclaré 476 millions de dollars d’exportations. Trois ans plus tard, l’Agence nationale d’investigation financière (Anif) situe les pertes fiscales pour l'Etat et relatives à l’exploitation forestière et faunique illégale autour de 33 milliards de francs Cfa chaque année.
Dans l’optique de résoudre le problème, l’Etat a développé de nombreux outils au rang desquels l’application Sigif2, le Système informatisé de gestion de l’information forestière dont la seconde génération a été lancée en 2022 avec l’appui financier de la Coopération allemande et de l’Union européenne (Ue).
En 2022, le Minfof faisait état de 617 structures enregistrées dans le système ; 1556 comptes utilisateurs créés par l’administration et les opérateurs ; 180 demandes de certificats de matérialisation des limites soumises par les opérateurs dans le système et 123 approuvées par les délégations régionales ; 114 demandes de certificat de conformité des travaux d’inventaire soumises par les opérateurs et 106 approuvées par les délégations régionales ; 33 839 Lettres de voiture générées par les opérateurs ; 575 318,180 m3 de bois enregistrés dans le système ; l’identification des produits en circulation à travers l’utilisation des codes-barres, etc.
Au ministère des Finances, le montant potentiel des taxes forestières non reversées au trésor public a atteint 5,1 milliards de Fcfa en 2018 et 4,8 milliards de Fcfa en 2019, soit un cumul de 9,9 milliards de Fcfa sur les deux exercices.
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