Titré : « La population du Cameroun : du comptage des effectifs a l’analyse des phénomènes démographiques », l’ouvrage présenté aux journaliste le 27 mai dernier suggère, entre autre, la poursuite des efforts déjà consentis à travers les différentes initiatives de collecte des données depuis l’époque coloniale
Journalistes, démographes, économistes et jeunes chercheurs se sont retrouvés le 27 mai dernier dans les locaux du Projet d’investissement en capital humain (PICHNET) à Yaoundé. Les raisons : la présentation du livre « La population du Cameroun : du comptage des effectifs a l’analyse des phénomènes démographiques », écrit par le Pr Emmanuel Ngwe. La rencontre était à l’initiative du Réseau des journalistes pour l’application du plan d’action de Maputo (JNMAP) et de PICHNET. C’était en présence du promoteur de cette entité d’accompagnement des jeunes pour leur insertion socio-professionnelle, le Pr. Parfait Eloundou Enyegué, enseignant à la Cornell Univerty aux Etats-Unis. La note de lecture a été présentée par le sénateur et Pr. Laurent Charles Boyomo Assala, universitaire pluridisciplinaire.
D’ici 2035, indique l’auteur du livre, la population totale du Cameroun sera d'environ 34 millions d'habitants mais le pays ne sera pas surpeuplé.
A la question de savoir si parler de sous-population du Cameroun n’est pas ramer à contre-courant des arguments de la communauté nationale et internationale qui promeuvent la planification familiale, par exemple, le Pr. Ngwe rétorque : « Il y a eu des conférences internationales sur le contrôle des naissances, ce qui est paradoxal. Le Cameroun suit simplement cette tendance internationale; toutefois, poursuit-il, l'approche des droits de l'homme est intégrée. Le Plan d'action de Maputo identifie la santé génésique comme un droit de l'homme et le droit de la femme. »
Opportunité de développement
Pour sa part, le Pr Gervais Beninguisse, démographe en service à l’Institut de formation et de recherche démographique (IFORD) révèle que des études ont été réalisées et ont démontré que chaque femme camerounaise met au monde un enfant supplémentaire qu'elle n’a pas souhaiter avoir. « C’est ce problème de survenue d’un bébé non-souhaité que les services de planification familiale veulent résoudre », a affirmé l’universitaire. Comme le Pr. Ngwe, Gervais Béninguissé pense qu’il est judicieux de promouvoir le dividende démographique, qui est en bref, le bénéfice économique qu'un pays peut tirer lorsque sa population active (15-64 ans) est plus importante que sa population dépendante (moins de 15 ans et plus de 64 ans). Il s'agit d'une période où le pays peut avoir plus d'actifs pour investir dans la croissance économique. « La population est en déclin, mais il est important de tirer profil de cette réduction pour stimuler le développement », a indiqué le Pr. Beninguissé.

Pr Ngwe
Le Pr. Ngwe suggère donc, pour ne pas faire de situation démographique du pays une contrainte plutôt qu’une opportunité de développement, que « les acteurs du développement soient conscients des défis démographiques du développement socio-économique et tenir compte de l'augmentation des variables démographiques dans l'élaboration, de l'actualisation et du suivi et de l'évaluation des politiques, programmes, stratégies et projets sectoriels. »
En deux parties de cinq chapitres chacune, « La population du Cameroun : du comptage des effectifs a l’analyse des phénomènes démographiques » est une revue des systèmes de collecte de données auxquels a fait recours le Cameroun dont il s’est abondamment inspiré. Jusqu’ici, trois recensements généraux de la population et de l’habitat, cinq enquêtes démographiques de santé et deux enquêtes par grappes à indicateurs multiples ont été conduits. Les données desdites collectes sont aujourd’hui caduques, étant donné que le dernier recensement général a eu lieu en 2005. Celui devant avoir lieu en 2015 est toujours attendu, malgré que le président Biya a signé un décret le 15 septembre 2015, l’autorisant. Dans un tel contexte, les données sont produites par n’importe qui, biaisant tout. « Le journaliste doit rester prudent lorsqu’il manipule les données pour étayer ses articles. Il doit se servir des données produites par des sources crédibles et officielles », a averti Emmanuel Ngwe.
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