A travers débat et slam, ils demandent aux autorités camerounaises d’offrir des soins complets aux cas éligibles ; un appel lancé le 26 septembre lors d’une rencontre organisée par SOGOC en prélude à la commémoration du droit à l’interruption médicalisée de grossesse.
Les adolescentes sont les plus nombreuses parmi les 14% de décès dus aux avortements non sécurisés, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a renseigné le Dr Anny Ngassam, représentante du président de la Société des gynécologues obstétriciens du Cameroun (SOGOC). Le Dr Ngassam présidait le 26 septembre à Yaoundé, une rencontre en prélude de la commémoration le dimanche 28 septembre de la Journée internationale du droit à l’avortement sécurisé dont le thème est : « Avortement sécurisé, un soin de santé salutaire ».
Ces victimes subissent des traumas physiques et mentaux auxquels il faut mettre fin. Chacun doit en être interpellé. Raison pour laquelle SOGOC a invité des jeunes à s’exprimer dans leur style pour passer le message aux uns et aux autres. Jennifer Akoh, jeune artiste slameuse, a entretenu l’auditoire sur les souffrances des femmes et jeunes filles privées des services d’avortement alors qu’elles sont éligibles par la loi. « La femme a déjà beaucoup de fardeau, il faut éviter de l’alourdir en la privant du droit à l’avortement sécurisé lorsqu’elle est éligible », va-t-elle lancer. Akoh dit ne pas faire l’apologie de cette pratique mais souhaite que tous ceux qui brandissent les arguments religieux, socio-culturels et autres se mettent à la place de celles qui, suite à un viol ou sous le poids d’un problème de santé handicapant, ne peuvent pas jouir de leur droit le plus absolu.

L’avortement connaît des restrictions au Cameroun. La loi l’autorise en cas de viol et de menace de la santé de la mère. Il doit alors être pratiqué par un prestataire de soin, formé, qualifié et certifié dans une formation hospitalière bien équipées pour éviter tout danger pour la cliente et pour le soignant. Sauf que tout ceci ne peut se faire que si le procureur de la République et une équipe de médecin apportent des preuves qu’il y a effectivement eu viol. Ce que prévoit l’article 339, alinéa 1 et 2 du Code pénal. Le Cameroun a signé le Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique en 2005 et l’a ratifié en 2009. Ce texte connu comme Protocole de Maputo en son article 14 alinéa 2 instruit les Etats à respecter les droits sexuels et reproductifs des femmes.
La Société des gynécologues obstétriciens du Cameroun porte un projet de plaidoyer pour l’accès des femmes éligibles aux soins complets d’avortement, dénommé, « Advocacy for Abortion Care (ACAC) ». La procédure pour avant d’administrer les soins à une victime qui prend beaucoup de temps. Un temps que Rita Yenjong, chef de projet ACAC, souhaite voir ramené à 24h. Selon les médecins, deux femmes décèdent chaque jour des suites d’un avortement non-sécurisé. SOGOC, a précisé Anny Ngassam, n’encourage pas l’avortement mais plaide pour la prise en compte des cas éligibles. Elle a aussi indiqué que pour baisser la mortalité maternelle qui est de 406/100 000 naissances vivantes et pour laquelle l’avortement contribue considérablement, il faut éviter des stigmatiser les adolescentes qui se rendent pour des soins après avortement.

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