L’une des leçons du webinaire organisé par le Réseau panafricain pour la conservation des ressources naturelles de l’Afrique et Environmental Investigation Agency le 24 septembre 2025.
L’une des leçons du webinaire organisé par le Réseau panafricain pour la conservation des ressources naturelles de l’Afrique et Environmental Investigation Agency le 24 septembre 2025.
Le 24 septembre 2025, un webinaire coorganisé par le Réseau panafricain pour la conservation des ressources naturelles (PANCANR) et l’Environmental Investigation Agency (EIA) a mis en lumière les avancées de l’Afrique centrale dans l’interdiction de l’exportation de bois sous forme de grumes. Une mesure qui vise à renforcer la transformation locale, créer des emplois et accroître les revenus fiscaux. Après celui du 10 juillet 2025, cet autre webinaire a encore permis d’avancer avec les échanges sur les bonnes pratiques et les enseignements tirés par les pays ayant mis en œuvre cette politique et de sensibiliser les Etats sur l’importance de cette action. Cette série de discussions en ligne veut aussi encourager le respect de la réglementation par toutes les parties prenantes afin d’assurer une mise en œuvre efficiente de cette interdiction.
Depuis 2018, les six pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et la République démocratique du Congo (RDC) œuvrent pour une politique active de valorisation de la filière bois. La Stratégie d’industrialisation durable du Bassin du Congo, soutenue par la Banque africaine de développement, a pour objectifs, la mise sous concession de 75 millions d’hectares de forêts (+50 %), un doublement des prélèvements à 15 millions de m³ par an et une transformation locale complète pour 100 % de première transformation et 50 % des suivantes. Objectifs : créer plus de 60 000 emplois, attirer 3 milliards d’euros d’investissements et augmenter les revenus fiscaux de 25 %. Selon le secrétaire exécutif du PANCANR, Almani Dampha, l’exportation de grumes prive les économies locales de valeur ajoutée et d’emplois. « Le défi pour les Etats est de créer une plus-value en transformant les grumes sur place, pour générer plus d’emplois et améliorer le vécu des populations ».
En termes de mise en œuvre de la politique, si le Gabon est impliqué depuis 2010, avec un PIB forestier doublé et des emplois passant de 9 000 à 15 000, d’autres pays adoptent une approche progressive. Le Congo a commencé timidement en 2023, tandis que le Cameroun, la RDC, la République Centrafricaine (RCA) et la Guinée équatoriale suivent des plans échelonnés jusqu’en 2028, en tenant compte de quotas et de restrictions ciblées sur certaines essences. Selon Luke Allen, Senior Campaigner à l’EIA, 16 pays respectent l’interdiction totale et 15 l’appliquent partiellement, freinant ainsi l’exportation illégale et stimulant la création de métiers spécialisés dans la filière. Les experts soulignent toutefois que la gouvernance, la transparence et le contrôle sur le terrain restent des enjeux majeurs. Au Cameroun, par exemple, des centaines de camions continuent de transporter du bois non transformé vers les ports de Douala et Kribi, compromettant l’efficacité des mesures.
Malgré cette dynamique, des obstacles demeurent. La perte potentielle de recettes fiscales, la capacité industrielle locale qui reste limitée, les investissements en infrastructures lourds, et la qualification de la main-d’œuvre constitue un enjeu crucial. Selon Gregory Lionel Beyina, directeur du développement industriel, des Mines et du Tourisme, la réussite de la stratégie dépendra de la capacité à former et à retenir des techniciens qualifiés dans la transformation du bois. Pour y remédier, des mesures d’accompagnement sont mises en œuvre : harmonisation fiscale, adoption de procédures de certification forestière par la Commission pour les forêts d’Afrique centrale (Comifac), création d’un Fonds Régional d’appui à l’industrialisation durable, et accès facilité à des financements verts.
Pour assurer le succès de cette industrialisation durable, Gregory Lionel Beyina propose, entre autres, une feuille de route régionale claire, incluant les étapes de développement des zones économiques spéciales (Zes), la formation des ressources humaines, la modernisation des équipements et la coopération entre États.
Chiffres clés de la stratégieSurfaces forestières sous concessions : 75 millions ha (+50 %) Prélèvements annuels : 15 millions m³/an Transformation locale : 100 % première transformation, 50 % deuxième et troisième Emplois créés : 60 000 Investissements recherchés : 3 milliards EUR (≈1 965 milliards FCFA) Hausse estimée des revenus fiscaux : +25 % |
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