Selon une étude du Programme de Gestion de la Politique Économique (GPE) de l’Université de Yaoundé II, publiée en septembre 2025, la prise sen compte des questions de durabilité dans les programmes reste superficielle.
Selon une étude du Programme de Gestion de la Politique Économique (GPE) de l’Université de Yaoundé II, publiée en septembre 2025, la prise sen compte des questions de durabilité dans les programmes reste superficielle.
À quelques jours de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 au Cameroun, alors que les candidats multiplient les promesses économiques et sociales, une question importante reste largement absente du débat public : l’environnement et le développement durable. Dans un pays confronté à la déforestation, aux changements climatiques et aux pressions sur ses ressources naturelles, l’intégration de la durabilité dans les programmes politiques apparaît plus que jamais nécessaire pour garantir un avenir durable.
Une étude réalisée par le Programme de Gestion de la Politique Économique (GPE) de l’Université de Yaoundé II, sur une période de 10 jours, soit du 15 au 25 septembre 2025, permet d’évaluer les programmes de 10 candidats sur 12, faute d’accès aux manifestes complets de l’UNDP et de l’UDC. L’analyse du secteur environnement et durabilité repose sur cinq principales dimensions : l’utilisation du sol, la vulnérabilité aux changements climatiques, la déforestation et reboisement, l’utilisation des énergies renouvelables, émissions de CO². Le constat est sans équivoque : la prise en compte des enjeux environnementaux et de durabilité reste inégale et superficielle.
Classification des programmes suivant la prise en compte de l'environnement et durabilité
Selon les données du rapport, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) arrive en tête du classement avec 13,20/20. Son approche « prudente » et progressive est centrée sur la transition énergétique et la réduction des émissions de CO₂, tout en préservant les grands projets agricoles et d’infrastructures. Pour les experts, cette orientation traduit « une attention relative aux questions écologiques, mais sans rupture avec les modèles établis », privilégiant la stabilité à une réforme environnementale ambitieuse. Le Social Democratic Front (SDF), avec 11,60/20, se distingue par un engagement plus affirmé en faveur de l’écologie. Le parti lie explicitement protection de l’environnement et justice sociale, avec des ambitions pour les énergies renouvelables, la gestion durable des sols et la promotion d’une économie verte. Toutefois, les mécanismes de mise en œuvre restent peu détaillés, notamment sur la lutte contre la déforestation et le financement des politiques climatiques.
Le Parti de l’Alliance Libérale (PAL), pour sa part, met l’accent sur l’agriculture durable et la transition énergétique, avec l’objectif de promouvoir un modèle d’économie verte décentralisée, malgré les capacités institutionnelles limitées du pays pouvant freiner la concrétisation de ces initiatives. Le Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) et le Front pour le Développement du Cameroun (FDC) abordent certains aspects de la durabilité, notamment la production d’énergie renouvelable et la rationalisation de l’utilisation des ressources. Toutefois, leurs programmes restent partiels et privilégient souvent des solutions techniques plutôt qu’une vision intégrée du développement durable.
Graphique des scores environnement et développement durable
À l’inverse, des partis comme le MCNC, le FSNC, le PURS ou l’UNIVERS affichent une approche embryonnaire de l’écologie, avec des propositions limitées et souvent non chiffrées. Leur difficulté à inscrire la durabilité dans la politique nationale illustre l’écart persistant entre ambitions environnementales et mise en œuvre concrète.
Dans son discours à Maroua, le président actuel et candidat du RDPC, Paul Biya, a reconnu certains défis environnementaux, évoquant notamment « le phénomène récurrent des inondations qui causent d'importants dégâts humains et matériels », et précisant que ces catastrophes résultent « pour l'essentiel, des changements climatiques ». Il a également mentionné le projet de développement rural intégré Chari-Logone et les efforts dans le secteur énergétique, comme le barrage hydroélectrique de Nachtigal et la densification des centrales solaires. Seulement, même si ces mesures touchent à la durabilité, elles restent principalement abordées sous un angle économique et social.
De manière globale, l’étude du GPE précise que le développement durable doit devenir un pilier central de la politique nationale. Les chercheurs appellent par ailleurs à une convergence des approches : rigueur budgétaire, innovation verte et politiques sociales ambitieuses. Selon ces derniers, dans un contexte de défis climatiques croissants, de pression sur les forêts et de pollution, reléguer l’environnement au second plan pourrait compromettre l’avenir économique, social et écologique du Cameroun. Le succès du futur gouvernement dépendra de sa capacité à faire de la durabilité un véritable levier de croissance et de souveraineté.
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